Les enjeux actuels du concile Vatican II
- I. Les enjeux actuels de l’interprétation du concile Vatican II.
- 1. Herméneutique de Réforme contre herméneutique de rupture.
Extrait du discours du pape Benoît XVI le 22 décembre 2005
« La question suivante apparaît : pourquoi l'accueil du Concile, dans de grandes parties de l'Eglise, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile ? Eh bien, tout dépend de la juste interprétation du Concile ou - comme nous le dirions aujourd'hui - de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d'application. Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. (…) D'un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler "herméneutique de la discontinuité et de la rupture"; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d'une partie de la théologie moderne. D'autre part, il y a 1"'herméneutique de la réforme", du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné. "
- 2. La Parole de Dieu au cœur du concile.
Prologue de la constitution dogmatique sur la Révélation divine :
« En écoutant religieusement et proclamant avec assurance la Parole de Dieu, le saint Concile fait sienne cette parole de saint Jean : « Nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous est apparue : ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous soyez en communion avec nous et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1Jn 1, 2-3) ».
3. Le concile comme « événement »
À cette époque, l’Assemblée générale des Nations Unies était composée de près de 700 membres. L’assemblée conciliaire, dans la basilique Saint-Pierre, réunissait près de 2500 évêques. À la surprise générale, lors de l’ouverture, le concile attira plus de journalistes que les Jeux Olympiques tenus à Rome en 1960.
Bien plus, pour la première fois un concile accueillait des Pères en provenance de tous les continents. Ainsi, à Vatican II, les Pères conciliaires provenaient de 116 nations, dont 849 d’Europe occidentale (32%), 601 d’Amérique latine (23%), 332 d’Amérique du Nord (13%), 250 d’Afrique noire (8%), 174 du bloc communiste (7%), 95 du monde arabe (4%), 256 du monde asiatique (10%) et 70 d’Océanie (3%).
- II. Quelques enjeux fondamentaux à l’époque du concile et leurs conséquences pour la mission actuelle de l’Eglise ou les 7 défis de Vatican II.
- 1. La Bible et la Parole de Dieu
Prologue de la constitution dogmatique sur la Révélation divine :
« C’est pourquoi, suivant la trace des Conciles de Trente et du Vatican I, il entend proposer la doctrine authentique sur la Révélation divine et sur sa transmission, afin que, en entendant l’annonce du salut, le monde entier y croie, qu’en croyant il espère, qu’en espérant il aime ».
- 2. Les relations avec les religions non-chrétiennes
N°2 du décret sur les relations de l’Eglise avec les religions non-chrétiennes :
« L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses ».
- 3. Les relations avec les autres chrétiens.
N° 3 du décret sur l’œcuménisme :
De plus, parmi les éléments ou les biens par l’ensemble desquels l’Église se construit et est vivifiée, plusieurs et même beaucoup, et de grande valeur, peuvent exister en dehors des limites visibles de l’Église catholique : la Parole de Dieu écrite, la vie de grâce, la foi, l’espérance et la charité, d’autres dons intérieurs du Saint-Esprit et d’autres éléments visibles.
- 4. Un regard sur l’humanité et son avenir.
Début de la constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps :
« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire ».
5. Affirmation de la liberté religieuse.
N°2 de la déclaration sur la liberté religieuse :
« Ce Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être exempts de toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres ».
6. Une Eglise fondée sur la Trinité : communion et synodalité.
N°9 de la constitution dogmatique sur l’Eglise : « Cette alliance nouvelle, le Christ l’a instituée : c’est la Nouvelle Alliance dans son sang (cf. 1 Co 11, 25), il appelle la foule des hommes de parmi les Juifs et de parmi les Gentils, pour former un tout selon la chair mais dans l’Esprit et devenir le nouveau Peuple de Dieu. Ceux, en effet, qui croient au Christ, qui sont « re-nés » non d’un germe corruptible mais du germe incorruptible qui est la parole du Dieu vivant (cf. 1 P 1, 23), non de la chair, mais de l’eau et de l’Esprit Saint (cf. Jn 3, 5-6), ceux-là constituent finalement « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis, ceux qui autrefois n’étaient pas un peuple étant maintenant le Peuple de Dieu » (1 P 2, 9-10) ».
- 7. La liturgie : épiphanie de l’Eglise en prière.
N°1 de la Constitution sur la Sainte Liturgie :
« Puisque le saint Concile se propose de faire progresser la vie chrétienne de jour en jour chez les fidèles ; de mieux adapter aux nécessités de notre époque celles des institutions qui sont sujettes à des changements ; de favoriser tout ce qui peut contribuer à l’union de tous ceux qui croient au Christ, et de fortifier tout ce qui concourt à appeler tous les hommes dans le sein de l’Eglise, il estime qu’il lui revient à un titre particulier de veiller aussi à la restauration et au progrès de la liturgie ».