Le Notre Père et la famille

Le Notre Père et la famille

d’après la conférence du Frère Alain Quilici, o.p, Lourdes 7 octobre 2011

Nous allons écouter ce que Jésus nous fait dire quand il nous dit : Vous, quand vous priez, dites Notre Père…

Le Notre Père n’est pas une prière ordinaire. Les mots ne sont pas placés n’importe comment. Quand on y regarde de près, on s’aperçoit qu’on peut entrer dans le Notre Père comme on entre dans une Eglise. Le Notre Père donne tous les éléments nécessaires à une famille pour qu’elle tienne debout. C’est pour cela qu’on peut parler du Notre Père et de la famille. Les deux sont liés.

Dans le Notre Père, il y a une invocation au Père suivie de sept demandes.

Invocation au Père

Dans le Notre Père, Jésus invoque son Père

Au début, nous disons Notre Père qui es aux cieux. Nous nous adressons au Père. Jésus ne dit pas Notre Dieu. Jésus parle tout de suite de Père. Dieu n’est pas une idée ; c’est une personne. Certes nul ne l’a jamais vu mais le Fils qui vient d’auprès du Père nous l’a révélé.Dieu existe comme une personne ; quand nous parlons à Dieu, nous parlons à quelqu’un qui est comme un père de famille. Un père qui accueille dans ses bras l’enfant prodigue.

Dans la famille

La famille au départ, ce sont un homme et une femme qui unissent leur vie en se donnant leur parole et, du fruit de cette union, naissent les enfants. La base de la famille, c’est ce couple qui transmet la vie. Ensuite, il peut se passer bien des choses, mais au départ, il y a un père et une mère.

Quand vous priez, dit Jésus, adressez-vous à votre Père qui es dans les cieux, priez avec votre mère qu’est l’Eglise. Et, quand vous priez votre Père du ciel, rendez grâce à Dieu pour votre père et pour votre mère de la terre. Si vous avez le bonheur d’être vous-même un papa ou une maman, bénissez le ciel car c’est une grâce.

Après l’invocation au Père, voici les sept demandes.

Première demande : Que ton nom soit sanctifié !

Dans le Notre Père

Dieu a un nom, un nom que nul ne connaît car le nom de Dieu ne saurait se prononcer. Mais Dieu a un nom et ce nom est une bénédiction. En demandant que le Nom de Dieu soit sanctifié, nous pensons à Jésus qui a reçu un nom qui est au-dessus de tout Nom. Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre.

Rien n’est plus important pour quelqu’un que son nom. « Je t’ai appelé par ton nom, tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix pour moi et je t’aime » nous dit Dieu dans Isaïe.

Dans la famille

Dans notre culture, rien n’est plus important que le nom de famille. On se reconnaît de la même famille lorsqu’on porte le même nom. On attache beaucoup d’importance à ce qu’on respecte le nom de notre famille. C’est le nom de notre père ! Le nom, c’est la personne. Notre famille est une personne qui a son honneur et sa réputation…Adopter un enfant ce n’est pas lui donner la vie mais c’est lui donner un nom ; c’est ce nom qui va le faire exister comme une personne qu’on peut nommer.

Quand nous prions en demandant que le Nom de Dieu soit sanctifié, nous demandons aussi que notre nom de famille soit béni, qu’il fasse honneur à Dieu.

Deuxième demande : Que ton règne vienne !

Dans le Notre Père

Celui qui doit venir, celui dont nous demandons la venue, c’est le Saint Esprit, cette présence invisible de Dieu dans le cœur de chacun mais aussi dans l’histoire. L’Esprit, comme le royaume de Dieu, est déjà venu, mais il faut sans cesse le demander car ce n’est que lorsque le monde entier coïncidera avec le royaume de Dieu que Jésus pourra revenir. Ce jour là en effet, l’Esprit Saint sera tout en tous.

Dans la famille

Notre famille aussi a une histoire, une histoire qui se développe à partir de ceux qui ont fondé la famille, une histoire qui passe par ce que vont vivre les enfants jusqu’à ce que chacun fonde sa famille…Chaque famille est un petit royaume. Nous prions pour que ce royaume soit selon le cœur de Dieu. Un royaume où règne la paix.

Quand nous disons dans le Notre Père, que ton règne vienne,pensons à l’histoire de notre famille et prions pour que l’histoire de toutes nos familles soit à la gloire de Dieu.

Ensuite Jésus va dire deux choses qui sont séparées dans la prière mais qui sont comme des murs dressés depuis le ciel jusqu’à la terre et qui protègent les croyants de tout ce qui pourrait les menacer et les détruire

Troisième demande : Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel !

Dans le Notre Père

Jésus nous commande de demander à notre Père que sa volonté soit faite. Jésus lui-même a fait la volonté de son Père. Il dit : ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père. Pour Jésus, c’est aussi vital que de manger ! Au moment de son agonie, il dit encore : non pas ma volonté mais ta volonté

Nous demandons à Dieu de nous faire la grâce de toujours faire ce qu’il veut que nous fassions. Nous voulons ressembler à la Vierge Marie qui depuis son enfance a toujours voulu faire la volonté de Dieu. Marie accepte cette chose impossible d’être la mère de Dieu !

Nous demandons à Dieu, dans les situations parfois si difficiles que nous vivons, de toujours faire sa volonté. Jésus dit sur la terre comme au ciel ; il y a les saints du ciel, à la suite de la Vierge Marie et il y a les fidèles de la terre, tous ceux qui veulent ce que Dieu veut pour eux. Cette prière de tous ceux qu font la volonté de Dieu est comme un mur qui soutient l’Eglise.

Dans la famille

Une famille harmonieuse, ce n’est pas une famille où chacun fait ce qu’il veut, mais un groupe où chacun a le souci de l’autre, se met à l’écoute de l’autre, ne désirant que ce que l’autre désire. Un enfant bien élevé est un enfant qui a appris à obéir, comme l’enfant Jésus dont on nous dit qu’il était soumis à ses parents. En disant Que ta volonté soit faite, nous dressons le premier mur qui soutient la maison.

Quatrième demande : Ne nous soumets pas à la tentation !

Dans le Notre Père

Jésus demande qu’on supplie Dieu de n’être jamais écrasés, soumis, par la tentation. A vrai dire, il n’y a qu’une tentation et elle est redoutable, c’est de renier Dieu…Il faut donc élever un deuxième mur, pour nous protéger des assauts du Tentateur, car le Diable ne cesse de nous harceler pour nous détourner de Dieu .

Ce mur est construit par tous les hommes et les femmes de prière, par tous les moines et moniales qui s’arc-boutent de toute la force de leur prière pour que la tentation ne soumette pas les fidèles. Ils sont à la suite de Jean Baptiste, qui dès sa jeunesse, est allé au désert pour prier.

Dans la famille

Il faudrait dire les tentations, tellement il y a de tentations qui menacent la vie de nos familles. La plus forte est la tentation de la rupture ; le Diable fait tout pour diviser les familles. Quand nous disons ne nous soumets pas à la tentation, nous demandons à Dieu de nous aider à repousser les tentations.

Le deuxième mur qui soutient la famille, c’est le combat spirituel.

Qu’y a-t-il à l’intérieur de cette maison ainsi soutenue par ces deux gros murs solides

La table et l’oratoire

Cinquième demande : donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour

Dans le Notre Père

Au cœur du Notre Père, Jésus nous parle du pain. Nous devons rendre grâce à Dieu si nous avons du pain tous les jours car c’est chaque jour que nous avons besoin de manger. Mais Jésus ne parle pas que du pain matériel ; il parle du pain de l’eucharistie, le pain spirituel, le pain qui nourrit nos âmes. Jésus nous dit de demander à Dieu de nous donner tous les jours ce pain spirituel. C’est une occasion aussi de prier Dieu d’envoyer à notre Eglise beaucoup de prêtres… une église sans prêtre c’est comme une famille sans pain.

Il y a un lien étroit entre le pain de l’eucharistie et le pain que l’on partage en famille.

Dans la famille : la table de famille

Le repas de famille quand tout le monde est réuni autour de la table est le cœur de la vie de famille, surtout le dimanche, jour du Seigneur, jour de l’eucharistie, jour de la famille. Là, nous ne partageons pas seulement la nourriture mais c’est aussi le lieu des retrouvailles, des échanges, de la joie d’être ensemble.Nous demandons à Dieu de bénir la table autour de laquelle se réunit la famille. La table, le repas, le partage, voilà le cœur de la famille.

Sixième demande : Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés

Dans le Notre Père

A côté de la table eucharistique, au cœur de l’Eglise, il y a un autre lieu saint, le lieu du pardon. Jésus nous commande de dire pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Nous devons demander à Dieu de nous pardonner nos péchés et nous savons bien que Dieu pardonne toujours quand on lui demande c’est en cela qu’il est un vrai père ; il accueille, il pardonne, il réconcilie.C’est une des grandes joies du christianisme que de savoir que Dieu pardonne toujours au pécheur qui regrette sa faute et vient demander pardon. En contrepartie, Jésus nous demande de pardonner nous aussi quand nous avons été offensés. Le pardon c’est la source le la paix. Le monde va à sa mort si chacun ne prend pas sur lui de pardonner les vraies offenses qu’on a pu lui faire, comme il espère qu’on lui pardonnera à lui aussi pour le mal qu’il a fait.

Dans la famille : l’oratoire du pardon

Pour nos familles, le pardon est vital. Tous les jours, nous nous offensons pour de petites choses et parfois pour de grandes choses, alors si nous ne nous pardonnons pas, c’est la guerre entre nous… Le pardon est comme un lieu saint au cœur de toutes les familles, un lieu de prière où la famille peut venir se recueillir et puiser des forces pour demander pardon ou, pour soi-même pardonner. Rien n’est plus difficile que de pardonner ; on ne peut le faire qu’avec le secours de Dieu lui-même. On ne peut avoir la force de pardonner qu’en pensant que nous aussi, nous avons besoin de pardon.

Au cœur du Notre Père, mais aussi au cœur de la famille, il y a le pain et le pardon, la table où l’on se réunit pour le repas et l’oratoire où l’on se retire pour pardonner.

Septième et dernière demande : Délivre-nous du Mal !

Dans le Notre Père

Jésus demande que nous terminions notre prière en demandant à Dieu notre Père : délivre-nous du Mal. Il s’agit du Mal avec un M majuscule… le grand Mal, le Diable, Satan…C’est lui qui étend sa domination sur le monde, lui qui divise les personnes et les peuples. Il faut demander à Dieu de nous en délivrer. Le Mal est en nous, mais il ne vient pas de nous. Le Mal ou plutôt le Malin nous a séduits et nous nous sommes laissé séduire. Jésus nous demande de prier notre Père des cieux pour qu’il nous délivre de ce Mal qui s’est installé en nous et autour de nous ; ce Mal qui nous fait mal.Il est déjà vaincu le Prince de la Mort, mais il a encore un grand pouvoir. Un jour, la victoire de Jésus ressuscité sera complète et il enfermera le Mal définitivement, loin de nous ; c’est pourquoi nous devons demander sans cesse à Dieu de nous délivrer du mal.

Nous commençons notre prière en adorant le Père et nous la terminons en condamnant le Mal .

Dans la famille

Nos familles sont menacées par ce Mal. Toute famille aspire à être harmonieuse, à vivre en paix les uns avec les autres. Le grand Mal qui menace toute famille, comme toute communauté, c’est le mal de la division. C’est ce que nous craignons le plus. Nous craignons d’en être les victimes, mais nous craignons aussi d’en être les fauteurs… alors nous demandons à Dieu de nous libérer du Mal , d’en libérer nos familles, nos parents, nos enfants et nous-mêmes ;

Conclusion

Derrière le Notre Père, en filigrane, nous avons dévoilé le portrait de la famille selon le cœur de Dieu, le portrait de la Sainte Famille, cette famille dans laquelle Jésus priait sans cesse :

Jésus qui aime sa mère Marie et son Père du ciel dit

Notre Père qui es aux cieux !

Jésus qui porte nom d’Emmanuel, Dieu avec nous, dit

Que ton nom soit sanctifié !

Jésus qui envoie l’Esprit pour que le règne de Dieu vienne, dit

Que ton règne vienne !

Jésus qui fait la volonté de son Père, dit

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel !

Jésus qui lutte contre la tentation, dit

Ne nous soumets pas à la tentation !

Jésus qui partage le pain multiplié et le pain de l’eucharistie, dit

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour !

Jésus qui pardonne nos péchés, dit avec nous

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés !

Jésus qui remporte la victoire sur le Mal, dit

Délivre-nous du Mal !

Béni soit le Seigneur notre Dieu !